Selon la FAO, au moins 5 millions d’enfants sont menacés de malnutrition en Afrique ! Ces chiffres effarants ont justifié la tenue au sein du SARA, d’un colloque intitulé « entreprendre contre la malnutrition ». Organisé par la Fondation Avril avec un ensemble de partenaires institutionnels et économiques, cette rencontre s’est tenue les 25 et 26 novembre 2019.
Ce colloque qui était à sa première édition, avait comme enjeu principal de croiser les regards des scientifiques, nutritionnistes, agronomes et entrepreneurs issus des filières agricoles et agro-alimentaires d’Afrique de l’Ouest ainsi que de la France.
Ce séminaire s’est intéressé en particulier aux protéines et à la carence en acides aminés essentiels, qui engendre un retard de croissance pour les plus jeunes. Les études révèlent qu’environ 40% des enfants ouest-africains vivant en milieu rural ont un retard de croissance, contre 20% en milieu urbain.
Cela est d’autant plus grave qu’un enfant présentant un retard de croissance risque un développement insuffisant sur le plan cognitif et psychosocial. Le retard de croissance est symptomatique d’une situation d’insécurité alimentaire permanente.
Ces échanges de haut niveau ont meublé l’agenda des 4ème et 5ème jour du SARA. Organisé en 4 ateliers, ce colloque a dressé un état des lieux de la malnutrition, des habitudes alimentaires ouest-africaines, des besoins agronomiques, au travers de la complémentarité entre productions végétales et animales, de la mise en marché, l’organisation et le financement des filières.
« Nous sommes venus pour une prise de conscience mais je crois que nous avons fait mieux puisque nous sommes déjà dans la prise de décision. Les gouvernements s’engagent à poser des actions concrètes pour endiguer ce fléau et cela est prometteur », s’est félicité le prof. Séraphin Kati-Coulibaly, le président du comité d’organisation.
Philippe Tillous-Borde, Président de la Fondation Avril, lui a emboîté le pas en insistant sur la notion d’urgence qui a prévalu tout au long de ce colloque : « Cette première édition d’entreprendre contre la malnutrition a été réussie les débats ont été très intenses. On sent l’urgence même dans les questions qui ont été posées. Et pour moi qui ait organisé et participé à de nombreux colloques, cette notion d’urgence qui nous incite à l’action, c’est bien la première fois que je la perçois de manière aussi forte aussi bien de la part de nos amis africains que des quelques représentants du continent européen qui ont effectué le déplacement d’Abidjan. », a-t-il affirmé.
Le ministre français, Jean-Baptiste Lemoyne, a rehaussé la cérémonie de clôture de sa présence. Il s’est félicité de la tenue de ce colloque et a réaffirmé l’engagement de la France à poursuivre ses actions pour endiguer la malnutrition partout dans le monde et particulièrement en Afrique. « Je viens ici pour écouter, comprendre pour que nous puissions ensuite agir afin d’apporter notre pierre à l’édifice. (…) C’est un fléau dont les conséquences sont irréversibles et les chiffres ont malheureusement au fil des ans, pris une courbe ascendante. Il y a véritablement urgence. En effet, en Afrique de l’ouest, les personnes sous-alimentées sont passées en une dizaine d’années de 33 à 56 millions. On ne peut donc pas se satisfaire de la situation, c’est un combat de tous les jours qui doit être mené et la France entend jouer pleinement le rôle qui est le sien ».
Hervé Koutouan