Deuil sur Deuil. La dépouille mortelle de Pol Dokui, ex-patron de la radio Fréquence 2, est arrivée ce mardi 26 juin, à 10h, à l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny, d’Abidjan-Port-Bouët. Il est décédé le 6 juin 2018 à Cotonou (Bénin) où il vivait en exil depuis la fin de la crise post-électorale de 2011. Selon des sources concordantes, depuis 2012, ce cadre du FPI était malade à la suite d’un AVC qui l’avait physiquement diminué.
Avant lui, Gnan Raymond, le maire de Facobly, exilé politique est décédé le 6 décembre 2011, à Lomé au Togo des suites d’un arrêt cardiaque. Gnan Raymond était DCC de Laurent Gbagbo dans sa région. Apres, ce fut au tour de Paul Antoine Bohoun Bouabré de passer de vie à trépas le mercredi 11 janvier 2012 en exil. Le 17 février 2012, Gomont Diagou, maire FPI de la Commune de Cocody, en exil au Ghana, est mort à Accra d’une crise cardiaque. Il est décédé dans une clinique de East Legon. Le mercredi 20 avril 2016, le journaliste émérite Mamadou Ben Soumahoro est décédé d’un accident vasculaire cérébral (AVC), le 11 avril 2016 dans la soirée à Accra au Ghana où il était en exil.
A côté des personnalités connues, il y a grand nombre d’anonymes qui ont perdu la vie hors du pays dans des conditions très souvent dramatiques et qui ont été enterrées dans l’anonymat et l’indifférence totale.
Un décompte macabre des exilés ivoiriens faisait état de 75 militants du FPI décédés dans les camps. Selon les révélations de Désiré Porquet, un exilé revenu au pays, «aux camps des réfugiés au Ghana, nous enregistrons 20 morts d’un côté et 10 morts dans un autre camp. Dans le camp de réfugiés du Bénin nous comptons 13 morts et au Togo 32 morts».
A quand la fin de cette hécatombe ? On peut le dire, plus rien ne justifie aujourd’hui l’exil des pro-Gbagbo qui ont fui la guerre en 2011. Si on peut humainement admettre qu’ils fuyaient les affrontements en cours en 2011, il est difficile de comprendre que les personnes contre lesquelles ne pèse aucune poursuite ou charge soient contraintes de vivre loin de leurs parents dans la misère et le dénuement total. La mode au FPI est de traiter les candidats au retour de traitre politique qui auraient abandonné ou trahi « la cause ». On a encore en mémoire la levée de boucliers contre Konaté Navigué, président de la jeunesse du FPI, qui serait revenu au pays sans l’aval ou l’accord de la direction de son parti. Les refondateurs exilés sont donc devenus des otages de leur parti qui les utilise comme des instruments de diabolisation du régime d’Abidjan.
Depuis la fin de la crise postélectorale, aucun patron des deux tendances du Fpi n’a effectué un déplacement à Monrovia, Accra Lomé ou Cotonou pour demander aux militants pris en otage de regagner la terre de leurs ancêtres. Le plus rocambolesque dans l’affaire est que ceux qui se la coulent douce à Abidjan et qui refusent que les autres mettent fin à leur exil, ne leur envoient aucun moyen de subsistance. Ni argent pour se nourrir correctement, ni moyens pour se loger décemment ou pour se soigner convenablement. Quelle est donc cette façon de faire la politique où on ne met pas la vie humaine au centre des préoccupations ?
Les gens préfèrent aller à l’aéroport accueillir la dépouille des exilés et leur réserver des funérailles grandioses plutôt que de lutter pour les ramener vivants au pays. A quoi ça sert de revenir au pays les pieds devant ? Selon la théorie de l’absurde développée par Albert Camus, ce n’est pas parce qu’on n’est mort qu’on change de personnalité ou d’identité. Dans tous les deux cas, mort ou vif, il s’agit de la même personne. Mieux vaut donc revenir au pays sur les deux jambes. Que le FPI libère ses otages !