A l’instar de plusieurs pays du monde, la Côte d’Ivoire exige de tous les voyageurs au départ de l’aéroport FHB qu’ils présentent l’attestation et le reçu de paiement du test Pcr Covid19 avant tout embarquement. Un test qui n’est malheureusement pas reconnu sous tous les cieux. En mission du 14 au 24 février 2022 à Abuja, capitale de la République fédérale du Nigeria, nous avons pu nous en rendre compte. Reportage.
Sur le site internet de la compagnie aérienne Air Côte d’Ivoire, il est porté à la connaissance de tous les passagers au départ d’Abidjan que les attestations de test Covid-19, délivrées après le test PCR considérées comme valides sont uniquement celles délivrées par les centres agréés par le ministère de la Santé et de l’hygiène publique. Il s’agit entre autres des centres de Cocody Saint Jean, Marcory, Yopougon BAE, Treichville (Service des Maladies Infectieuses), Plateau Sorbonne, etc. Mais l’expérience démontre que cette validité, voire fiabilité, est mise en doute à l’extérieur. Les attestations d’analyse Covid-19 ne sont toujours pas valides dans certains espaces régionaux comme les pays hors Uemoa mais qui font partie de la Communauté économiques des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Des tracasseries de tous genres rythment le séjour des voyageurs.
23h30, heure locale au Nigéria. Le vol HF 806 de la compagnie Air Côte d’Ivoire en provenance d’Abidjan fait son atterrissage à l’aéroport international NnamdiAzikiwe d’Abuja, après deux heures trente de vol. Le ouf de soulagement ressenti par les passagers de ce vol va laisser place, quelques instants plus tard, à une éreintante déconvenue. Ils sont de nouveau soumis à un examen de la part des autorités sanitaires nigérianes. Quoi de plus normal qu’un test sanitaire à l’aéroport d’un pays. «Port Health Service», le service chargé de cette opération exige aux voyageurs de présenter leurs attestations Covid-19 délivrées après le test Pcr. A la présentation des résultats négatifs des tests PCR ou des carnets de vaccination, les agents restent de marbre. «Pour entrer sur le territoire nigérian, vous devez vous acquitter d’un nouveau test PCR COVID dont le coût est de 39.500 naira environ 50.000 FCFA, qui attestent que vous êtes aptes à franchir les frontières de la République fédérale du Nigeria», nous lance un agent en anglais. Muni de nos tests Covid-19 «négatif», l’ensemble des passagers présents dans le hall sont sans mots. «Dans quel pays sommes-nous?» ; « À quoi sert le test covid que nous avons fait à Abidjan», s’interroge l’un de nous. «Dans quel pays sommes-nous?» ; « À quoi sert le test Covid-19 que nous avons fait à Dakar», s’interroge un autre passager. Sans avoir de réponses à toutes ces interrogations, nous sommes sommés de nous plier. Malgré nos explications, les lignes ne bougent pas d’un iota. «Pour quitter le hall de l’aéroport et rejoindre votre destination, c’est la loi. Il faut payer ou laisser vos passeports et revenir plus tard pour le paiement», réplique un autre agent. Au bout d’une heure d’attente pour d’autres, visages défaits, formalités remplies, paiements effectués, la salle d’attente se désemplit peu à peu. «Je ne comprends plus rien. J’ai déjà payé 40000 FCFA pour le test de Covid à Dakar. Malgré que je sois déclaré négatif, je vais payer encore environ 67 dollars. En tout, pour le même test Covid-19 dans la même sous-région je vais dépenser plus de 100 dollars américain. C’est une arnaque sous-régionale», fulmine un passager sénégalais en provenance de Dakar.
Si certains des passagers sont au bout du tunnel, c’est loin d’être le cas pour nous. De l’atterrissage au contrôle sanitaire, trois heures se sont déjà écoulées. Sans trouver d’autres issues, nous nous plions finalement à l’option finale, celle de laisser notre passeport et regagner notre résidence.
Curieusement, à 2h30 du matin heure locale, lorsque nous quittons l’aéroport faute d’avoir pu nous acquitter de la somme d’argent réclamée, nous ne subissons aucun test Covid-19. En revanche, trois jours plus tard, de retour au service «Port Health service», l’argent exigé en mains, nous retrouvons notre passeport. Nous poursuivons le séjour au Nigeria. Outre ces tracasseries, le séjour en terre nigériane approche à sa fin. A deux jours de la fin de notre présence à Abuja. C’est alors que nous recevons un mail nous annonçant le lieu ou se rendre pour effectuer le test PCR.
De retour à Abidjan
Le retour en terre ivoirienne est tout à fait commode. De l’embarquement au départ de l’aéroport international Nnamdi Azikiwe d’Abuja à l’aéroport international Félix Houphouët Boigny d’Abidjan, nous ne subissons aucunes incommodités. Sous la simple présentation de l’attestation de COVID-19, délivrée après le test PCR effectué dans une clinique nigériane, nous passons sans grande difficulté les postes de contrôle. Certes, un autre test nous a été imposé à notre arrivée par les services du ministère de la santé publique et de la couverture maladie universelle mais sans paiement effectué. De plus, quelques minutes après nous recevions notre résultat.
Encadré
Pour une harmonisation régionale du test Pcr
Si l’harmonisation du test Pcrcovid est une réalité à l’échelle de l’espace de l’union économique monétaire ouest africaine (Uemoa), c’est loin d’être le cas dans l’espace Cedeao. Chaque pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest hors UEMOA impose ses lois face à la pandémie. Nous en avons fait les frais. C’est d’ailleurs, le, lieu pour nous d’exhorter les chefs d’Etats et de gouvernements à rendre effective la recommandation faite par Jean-Claude Kassi Brou, le président de la Commission de la Cédéao, lors de la seconde session ordinaire du Conseil des ministres de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) qui s’est tenu à Abuja au Nigeria (décembre 2021).Nous exhortons aussi les Etats à passer le cap des propositions mais rendre cela effective. Car, nous en sommes convaincus, cette reconnaissance mutuelle des tests ainsi que la durée de leur validité permettra sans nul doute de soulager les voyageurs et d’éviter les tracasseries auxquelles nous en avons été victimes. Les 16 pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) sont donc interpellés de la nécessité de se conformer à la volonté des textes et règlements de l’institution qui se veut de faciliter les déplacements des biens et des personnes dans la région. En attendant, force est de constater que le respect des gestes barrières dans les aéroports ainsi que dans les avions est une exigence à laquelle les compagnies ne lésinent pas sur les moyens. Pour cela il faut avoir l’honnêteté de les saluer.
Jean Eden Kouamé, envoyé Spécial à Abuja