Jamais dans l’histoire de la lutte contre le trafic d’espèces protégées, un tel résultat n’a été enregistré. Plus de 1400 suspects fauniques ont été identifiés en mai dans une vaste opération internationale menée contre le commerce illégal d’espèces sauvages protégées et donnant lieu à plusieurs saisies de produits fauniques dans le monde entier.
L’opération conduite par INTERPOL et l’Organisation mondiale des douanes (OMD) en collaboration avec le Consortium International de Lutte contre la Criminalité liée aux Espèces Sauvages (ICCWC), qui comprend la Convention sur le commerce International des Espèces de faune de flore Sauvages menacées d’extinction(CITES), l’Office des Nations Unies contre Drogue et le Crime (ONUDC) et la Banque mondiale a impliqué 92 pays dont la Côte d’Ivoire.
L’Opération «Thunderstorm’’entendez par là : l’orage, est le nom de code de l’opération mondiale lancée vers la fin du premier semestre de l’année en cours par INTERPOL en collaboration le Consortium International de Lutte contre la Criminalité liée aux Espèces Sauvages (ICCWC). L’opération a permis le ciblage de personnes et de réseaux de trafiquants à l’origine de la criminalité mondiale liée aux espèces sauvages protégés. Elle a concerné des services de police, de douane, de frontière, d’environnement, de faune et de foresterie dans 92 pays à travers le globe dont la Côte d’Ivoire.
Des saisies record pour INTERPOL
Entamée entre le 1er et 31 mai, l’opération a permis les saisies de 1.974 produits fauniques et d’espèces vivantes. L’opération a aussi permis de déclencher les arrestations et des enquêtes dans le monde entier. Ainsi près de 1.400 suspects fauniques ont été identifiés.
Quant aux saisies mondiales, au total 43 tonnes de viande sauvage, y compris de la viande d’espèces protégées telles que l’ours, l’éléphant, le crocodile, la baleine. Pour les saisies des espèces protégées vivantes, ce sont 869 alligators et crocodiles,27 000 reptiles dont 9 590 tortues et 10 000 serpents, près de 4000 oiseaux, y compris des pélicans, des autruches, des perroquets et des hiboux, 48 primates, 14 grands félins (tigre, lion, léopard et jaguar).
Au niveau produit fauniques ce sont 1,3 tonne d’ivoire d’éléphant brut et travaillé, 8 tonnes d’écailles de pangolin, et des carcasses de sept ours, dont deux ours polaires.
Une opération basée sur le renseignement
Les arrestations ont été possibles grâce aux renseignements sur les enquêtes criminelles recueillis avant l’opération pour permettre le ciblage des points spécifiques tels que les postes frontaliers terrestres, aéroportuaires. Aussi, la surveillance des grands parcs regorgeant des espèces sauvages en voie d’extinctions.Soupçonnés de transporter des produits illicites, des voitures, des camions, des bateaux et des transporteurs de marchandises ont fait également objet de fouilles systématiques effectuées par des agents, souvent avec l’aide de chiens renifleurs spécialisés et des scanners à rayons X.
Opération Orage ; un manque à gagner pour les trafiquants
« L’Opération Orage a vu des saisies importantes au niveau mondial, montrant comment des opérations mondiales coordonnées peuvent maximiser l’impact. En révélant comment les groupes de trafiquants utilisent les mêmes voies que des criminels impliqués dans d’autres crimes sont souvent liés à l’évasion fiscale, la corruption, le blanchiment et les crimes violents ». A indiqué Jurgen STOCK, le Secrétaire Général d’INTERPOL avant de renchérir : « L’Opération Orage envoie un message clair aux criminels de la faune ».
D’après les responsables d’INTERPOL, la saisie globale de cette opération se chiffre en millions de dollars.Avec cette saisie, c’est un véritable coup de masure pour les trafiquants ; eux qui sont attirés par l’appât du gain. Le WWF, une organisation internationale pour la conservation de la nature estime à 15 milliards de dollars en 2013 (7.500 milliards de francs CFA) le commerce illégal d’espèces protégées, faisant ainsi du trafic d’espèces protégées l’un des commerces les plus lucratifs au monde d’autant plus ce commerce illégal des espèces sauvages occupe le 5ème rang des commerces illicites dans le monde après la drogue, les armes, le blanchiment et le trafic d’être humain.
La lutte contre le trafic d’espèces protégées, une affaire de tous
« Aucun pays, région ou agence ne peut s’attaquer seul au commerce illégal des espèces sauvages » a affirmé Ben Janse van Rensburg, Chef de l’appui à l’application de la loi du Secrétariat de la CITES. Pour lui, une action collective à travers les états de source, de transit et de destination est essentielle. « Je salue l’excellent travail accompli dans les pays membres dans l’Opération ‘’Thunderstorm’’ témoigne de ce qui peut être accompli si nous travaillons tous ensemble » a-t-il ajouté. Portés par l’appât du gain, les activités illégales des criminels fauniques peuvent avoir des impacts économiques, sociaux et environnementaux dévastateurs a conclu Ben Janse Van Rensburg. Ainsi, face à ce commerce illégal des espèces protégées qui gagne du terrain, certains pays s’organisent pour trouver des mécanismes afin de freiner le trafic d’espèces protégées. C’est le cas du Kenya où la législation ne fait pas de cadeau aux trafiquants : prison à vie pour trafic d’espèces protégées, voire la peine de mort pour trafic d’ivoire. 10 ans de prison en Centrafrique,5 ans Congo Brazzaville et Guinée Conakry. A l’instar de ces pays, la Côte d’Ivoire aussi entame sa révolutionne au niveau de la loi faunique puisque l’actuelle loi l’article N°65-255 du 4 août 1965 relative à la protection de la faune et à l’exercice de la chasse, s’élève à une année de prison. Une peine longtemps décriée par les organisations de défenses des espèces protégées, car elle est peu dissuasive. Avec cette révision, les pro-espèces protégées espèrent que la loi nouvelle répondra à leurs attentes, celle de mettre en mauvaise posture les trafiquants, mais surtout sauver le peu d’espèces protégées dont le pays regorge.
(Source Eagles Côte d’Ivoire)