Son souhait est resté inchangé ! Le Chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara tient toujours au retour des trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) dans la Cedeao. Il l’a encore exprimé le mercredi 05 mars 2025, à l’occasion d’un point de presse conjoint au palais de la présidence à Abidjan.
Pour les convaincre, il a invité le chef de l’État ghanéen, John Dramani Mahama, en visite de travail dans le pays, à persuader ces nations de réintégrer la CEDEAO, car il vaut mieux être quinze que trois.
« Nous vous faisons confiance pour qu’à l’occasion de vos entretiens avec ces pays frères, vous puissiez les convaincre de rester dans la CEDEAO, car il y va de l’avenir des peuples de l’Afrique de l’Ouest », a-t-il déclaré.
En réponse, le président ghanéen s’est dit convaincu qu’il y a « toujours la possibilité de ramener » les pays frères de l’AES dans l’organisation régionale. Car « il est préférable de rester dans un groupe de quinze que dans un groupe de trois ».
« Il y a toujours des possibilités. Ce sont des pays qui comptent dans la sous-région, et la sous-région a une importance pour ces pays, dans la mesure où des populations de ces pays vivent en Côte d’Ivoire. Il y a aussi des populations qui souffrent aux frontières. Je pense qu’il y a toujours des choses à faire, car il y a un intérêt économique à gagner dans la CEDEAO », a martelé John Dramani Mahama.
« Nous sommes mieux à quinze qu’à trois. Je souhaite que l’appel du président Mahama soit entendu par ces présidents, dont deux sont des voisins de la Côte d’Ivoire », a renchéri le président Alassane Ouattara.
La Côte d’Ivoire et le Ghana se sont engagé en outre à apporter « une assistance» à ces pays frères « pour leur permettre de faire face aux besoins humanitaires et sécuritaires », a indiqué mercredi à Abidjan le chef de l’État ivoirien Alassane Ouattara.
« Nous avons tout à l’heure longuement évoqué la situation sécuritaire dans notre sous-région, qui demeure très préoccupante, ainsi que la situation sociopolitique dans certains pays du Sahel. Nous avons noté la nécessité d’apporter une assistance à ces pays frères, pour leur permettre de faire face aux besoins humanitaires et sécuritaires », a déclaré Alassane Ouattara.
« J’ai noté, bien entendu, Monsieur le Président, les préoccupations que vous avez énumérées, notamment le problème de nos pays frères de l’AES, que nous allons essayer de traiter avec la meilleure des méthodes », a assuré John Dramani Mahama.
L’Alliance des États du Sahel (AES) a été créée le 16 septembre 2023 par le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Les militaires au pouvoir dans ces trois pays – Assimi Goïta, Ibrahim Traoré et Abdourahamane Tiani – ont mis en place cette alliance, après la menace brandie par la CEDEAO de recourir à une intervention militaire pour rétablir au pouvoir le président renversé du Niger, Mohamed Bazoum.
Ouagadougou, Bamako et Niamey ont annoncé en janvier leur départ de la CEDEAO, une organisation qu’ils jugent « instrumentalisée » par la France, ex-puissance coloniale avec laquelle ils ont multiplié les actes de rupture.
Au cours de leur échange, les deux chefs d’État ont aussi abordé des sujets d’intérêt commun, notamment dans les domaines de la défense, de la sécurité et de l’économie du cacao, dont leurs pays sont les premiers producteurs, représentant 60 % de la production mondiale. Ils ont également évoqué les mines, l’énergie et les grands chantiers de la CEDEAO, tels que le corridor Abidjan-Lagos ou encore la monnaie commune, l’Eco.
S’agissant de la coopération bilatérale, ils ont réaffirmé leur volonté commune de soutenir l’initiative Cacao Côte d’Ivoire-Ghana et de renforcer la coopération entre leurs deux pays dans les domaines des mines et de l’énergie, de la lutte contre l’orpaillage illégal et de la surveillance de la qualité des eaux, car ces rivières traversant les deux pays ont des conséquences néfastes pour les populations du Ghana et de la Côte d’Ivoire.
Ils se sont également engagés à soutenir et à œuvrer pour la mise en œuvre de l’accord de partenariat stratégique Côte d’Ivoire-Ghana, un instrument privilégié de coopération signé en 2017 à Accra.
Ils ont enfin souligné la nécessité de renforcer la coopération entre leurs gouvernements en matière de sécurité et de défense, en vue de garantir la paix et la stabilité en Afrique de l’Ouest, et de lutter efficacement contre le réchauffement climatique, le terrorisme, la piraterie maritime et toutes les formes de trafic dans la sous-région.
Fulbert Yao