La population de Brègbo, village Ebrié situé à huit kilomètres de Bingerville (banlieue Est d’Abidjan et lieu de pèlerinage de la communauté harriste) et son voisin Koffikro (village Attié) sont en proie à une sérieuse crise foncière.
Les deux localités se disputent la parcelle du lotissement baptisé « Brègbo résidentiel » d’une superficie de 383 hectares, sur lesquels, ils y vivent depuis des décennies.
Brègbo, propriétaire terrien dénonce une expropriation de 153 hectares lui appartenant par un cadre de Koffikro, koffi Angban Lucien, ex-Directeur des Affaires Financières au Fond d’Entretien Routier (FER) en collaboration avec Mamadou SANOGO, l’ex-Ministre de la Construction, du Logement, de l’Assainissement et de l’Urbanisme.
Afin de demander l’arbitrage du chef de l’Etat Alassane Ouattara dans cette affaire, et pour ce faire entendre, un point de presse a été organisé dans le dudit village, mardi dernier, en présence de la chefferie Dougbô, la notabilité du village de Brègbo, la génération Tchagba.
Dans son propos liminaire, Félix Atcho Amani, président de la commission foncière de Brègbo a planté le décor en ces termes : « Vous serez venus trouver Brègbo en sang et en feu, mais nous avons été éduqués dans un village de paix. Brègbo est le village du Prophète Atcho Albert qui a toujours prôné la paix. On a assez donné pour être aujourd’hui méprisés de la sorte. Vous ne pouvez pas imaginer qu’on ait initié des lotissements dont Brègbo Résidentiel qui a été approuvé le 31 août 2015. Mais il s’est avéré que le campement que nous avons installé qui est Koffikro, ses habitants avec qui nous avons toujours vécu en bonne intelligence et dont les deux chefs se voyaient tout le temps, comme par magie a estimé que notre lotissement est sur sa parcelle. Suite à cela, nous avons fait six (6) mois de négociations avec le sous-préfet d’alors de Bingerville. Après ces six (6) mois, à notre corps défendant, le chef du village a bien voulu céder 100 hectares à Koffikro sur les 383 hectares. Le chef d’alors de Koffikro et sa notabilité ont applaudi cette concession que nous leur avons faite parce qu’ils ne s’attendaient pas à cela. Brégbo et Koffikro Nous nous sommes ensuite rendus au ministère de la construction dirigé à l’époque par le ministre Mamadou Sanogo pour consolider cet acquis. A notre grande surprise, une famille de Koffikro notamment celle d’Angba Amon Lucien, ex-DAF du Fonds d’Entretien Routier (FER) se lève pour dire que l’arrangement qui a été fait six (6) mois plus tôt à la sous-préfecture de Bingerville ne lui sied pas. Ils ont donc entamé des actions auxquelles nous n’avons pas été associés, et à notre grand étonnement, l’on vient nous dire que le site de Brègbo a été scindé en trois parties. Donc désormais Brègbo a 1/3 des 383 hectares c’est-à-dire 130 hectares environ et Koffikro a désormais 253 hectares. Les jeunes du village, révoltés, se sont levés pour aller mettre Koffikro à sang. Le chef du village et les vieux les ont calmés et nous avons réussi à éviter le pire. Ceux qui n’ont initié aucun lotissement, ni fait d’enquête de commodo et d’incommodo, qui n’ont rien entrepris se retrouvent avec 253 hectares ! Brègbo a essayé de rentrer en contact avec les initiateurs de cette situation qui est une insulte. Et pendant que nous cherchions à régler cette affaire, nous apprenons que depuis le mois de septembre 2018 le sieur Angba Amon Lucien est allé déposer le guide au ministère de la construction. Lui qui était chef de village dans un village d’Adzopé a rendu sa démission de cette chefferie pour venir être chef du village à Koffikro actuellement. Il est vrai que Brègbo détient les documents qui prouvent sa propriété sur ce terrain, mais lui, il estime qu’il a des relations et qu’il a de l’argent pour défendre sa cause. Et il ne le cache pas ! Il dit haut et fort que nous Brègbo avons les papiers et lui il a six ministres avec lui. Il est vrai que le chef a calmé la jeunesse mais combien de temps encore parviendra-t-il à le faire ? Cette affaire est écœurante, frustrante et même humiliante ! Que dirons-nous à nos enfants demain, si nous n’avons pas pu régler cette situation, Si ce n’est que comment avez-vous pu laisser un campement que vous-mêmes avez installé, vous arracher une si importante parcelle de terre ! Le Prophète Atcho nous a appris à accueillir et à être hospitaliers. Koffikro ne nous gêne en rien, mais il faut rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Koffikro est allé trop loin, c’est vraiment trop fort ce qu’ils ont fait ! Cet ex-DAF du FER crie sur tous les toits que Brègbo peut faire ce qu’il veut, mais lui il sait qu’il va gagner. Pour faire disparaître Koffikro, c’est une question de secondes. Mais nous préférons nous asseoir sur la conscience de ces hommes-là, c’est-à-dire Angba Amon Lucien et le ministre Mamadou Sanogo. Nous estimons que c’est le ministre Mamadou Sanogo d’alors qui a orchestré cela. Il savait qu’en donnant 253 hectares à Koffikro, Brègbo ne pouvait pas accepter cela », a-t-il declaré en substance.
Pour sa part, le chef du village Tanoh Boguy François a averti que les populations ne supporteront pas plus longtemps les provocations. Il demande aux autorités ivoiriennes de mettre fin aux agissements du cadre de Koffikro.
Pour le retour de la paix entre les deux villages, Tanoh Boguy François souhaite que koffikro s’en tienne aux 100 hectares que Brègbo à céder, et que les 153 hectares soient restitués.
«Nous ne sommes pas contents de nos hôtes. Nous ne voulons pas faire palabre. Ce lotissement a été approuvé au nom de Bregbo et nous leur avons donné 100 hectares pour agrandir leur village. Il y a eu des signatures et tout a été fait dans les règles de l’art. Qu’ils nous restituent nos 153 hectares qu’ils veulent nous exproprier. C’est un cri de cœur » a-t-il souhaité.
Fulbert YAO