Un litige foncier oppose le village de Zambakro au campement de Krékrénou qui en dépend. Tout est parti de la volonté du chef de Krékrénou, Kouakou N’dri d’initier un lotissement dans les parcelles de ce campement.
D’après Yao Kouakou Félix, adjoint au chef du village de Zambakro et gestionnaire de la parcelle litigieuse, le chef de Krékrénou avait approché à l’époque le chef de Zambakro, Yao Yao Mathieu pour lui fait part de son intention d’initier un lotissement. Ce dernier avait donné son accord de principe. Mais, les choses n’ont pas évolué jusqu’à son décès et son remplacement par l’actuel chef N’da Koffi Bernard avec qui le chef de Krékrénou a remis au goût du jour le projet de lotissement.
Le chef de Zambakro oppose un refus catégorique arguant que Krékrénou, étant un campement du village, celui-ci ne peut initier aucun projet de lotissement. Après moult tractations et pour préserver la fraternité, le chef du village de Zambakro consent au projet avec des conditionnalités notamment le partage équitable de lots entre le village de Zambakro et son campement Krékrénou.
Refus catégorique du chef de Krékrénou qui, s’estimant le chef d’un village, donne son feu vert à un opérateur pour le lotissement d’une parcelle de 891 hectares dont les titres fonciers sont détenus par la famille Zébié de Zambakro. Face à ce passage en force, Yao Kouakou Félix et la famille Zébié, détenteurs des droits coutumiers sur la parcelle de Krékrénou saisissent le tribunal de Toumodi.
Dans son jugement n° 165 en date du 24 avril 2024, Le tribunal a reconnu que Yao Kouakou Félix et la famille Zébié du village de Zambakro détiennent des droits coutumiers sur la parcelle de 891 hectares et a ordonné le déguerpissement de monsieur Kouakou N’dri Bénoit de ladite parcelle et ordonné également la cessation des troubles qu’il cause.
Mécontent de cette décision, il a fait appel devant la Cour d’Appel de Bouaké considérant que ce jugement lui cause des torts. Il attend de la Cour d’Appel de débouter Zambakro de ses prétentions sur la parcelle formant le périmètre foncier de Krékrénou. La décision est attendue pour ce mercredi 12 mars 2025.
Comprendre la source de ce problème,
En 1945, bien avant l’indépendance de la Côte d’Ivoire, le président Houphouët-Boigny, dans le cadre du projet de développement des activités agricoles, a sollicité et obtenu des chefs de canton de Béoumi et Botro qu’il soit mis à sa disposition des ouvriers. Ceux-ci fondèrent le campement de Krékrénou sur les terres de Zambakro qui les a accueillis. Près de 80 ans plus tard, ce campement a vu sa population évoluer pour avoisiner à ce jour près de 1 500 habitants, un nombre suffisant pour le chef Kouakou N’dri Bénoit pour considérer son campement comme un village.
Pourtant, dans un courrier en date du 23 octobre 2023, le sous-préfet de Yamoussoukro, Yéo Dohogninnina rappelait : « Kékrénou est un campement de la sous-préfecture de Yamoussoukro, rattaché au village de Zambakro (village tuteur). C’est un campement qui peut valablement introduire une demande d’érection en village. Cette demande ne pourra aboutir qu’avec l’accord préalable du village de Zambakro, sur les terres desquels, le campement de Kékrénou est installé, à la demande du président Félix Houphouët-Boigny.
Les autres conditions de l’aboutissement de la demande sont liées à l’appréciation de l’Autorité Préfectorale.
Pour l’heure, le campement de Kékrénou n’a introduit aucune demande d’érection en village. Il demeure donc un campement rattaché au village de Zambakro qui est le village tuteur ».
Traoré Yacouba Diarra