Le comité Nobel a décerné le prix Nobel de la paix à Maria Ressa et Dmitry Muratov, ce 8 octobre 2021.
Les deux journalistes sont récompensés pour leur défense de la liberté d’expression. La première aux Philippines, le second en Russie. Le comité Nobel les a précisément honorés “pour leurs efforts en faveur de la liberté d’expression, qui est une condition préalable à la démocratie et à une paix durable”. C’est la première fois que la liberté de la presse est ainsi récompensée du prestigieux prix international.
Maria Ressa et Dimitri Muratov “sont les représentants de tous les journalistes qui défendent cet idéal dans un monde où la démocratie et la liberté de la presse sont confrontées à des conditions de plus en plus défavorables”, a déclaré la présidente du comité Nobel, Berit Reiss-Andersen en décernant le prix lors d’une courte allocution à Oslo, en Norvège.
Ancienne correspondante de CNN en Asie du sud-est, Maria Ressa a fondé en 2012 le média Rappler aux Philippines où elle est née en 1963.
“Elle utilise la liberté d’expression pour dénoncer les abus de pouvoir, l’usage de la violence et l’autoritarisme croissant dans son pays natal, les Philippines”, a salué le comité Nobel. Elle a été honorée par le magazine Time en 2018 pour son engagement dans la lutte contre les fake-news. “Rappler a porté une attention critique sur la campagne antidrogue controversée et meurtrière du régime du président Duterte”, pointe aussi le comité.
“Rien n’est possible sans les faits. Un monde sans faits signifie un monde sans vérité et sans confiance”, a déclaré Maria Ressa juste après avoir reçu son prix couronnant son engagement. Elle s’exprimait dans un entretien diffusé par son média d’investigation.
Quant à Dmitry Muratov, 61 ans, il est le rédacteur en chef du journal russe Novaïa Gazeta, principal média d’opposition à Vladimir Poutine, dont un porte-parole a osé saluer le “courage”. “Il défend depuis des décennies la liberté d’expression en Russie dans des conditions de plus en plus difficiles. Malgré les tueries et les menaces, le rédacteur en chef Dmitri Muratov a refusé d’abandonner la politique d’indépendance du journal. Il a toujours défendu les droits des journalistes”, a salué le comité Nobel.
Il a participé en 1993 à la fondation de journal pour lequel travaillait Anna Politkovskaïa quand elle a été assassinée en 2006 en Russie. Cinq autres journalistes de la rédaction ont été tués depuis sa création. C’est d’ailleurs à ces victimes qu’il a dédié son prix. “Ce n’est pas mon mérite personnel. C’est celui de Novaïa Gazeta. C’est celui de ceux qui sont morts en défendant le droit des gens à la liberté d’expression”, a-t-il déclaré.
Les lauréats succèdent au Programme alimentaire mondial de l’ONU, récompensé du prix Nobel de la paix 2020 pour son action en faveur “du rapprochement des peuples, de la suppression ou la réduction des armées permanentes, de la réunion et la propagation des progrès pour la paix”.