Joli coup de filet.Trois présumés trafiquants d’ivoires d’éléphants ont été mis aux arrêts le samedi 1er juillet 2023 à Yamoussoukro, la capitale politique de la Côte d’Ivoire avec six défenses d’éléphants pesant 42 kg. Ces derniers ont été interpellés au moment où ils s’apprêtaient à écouler leur trophée de chasse dans une enceinte de la ville. Les arrestations ont été possibles grâce au fruit de la collaboration entre l’Unité de lutte contre la Criminalité Transnationale Organisée (UCT), la Direction de la Police forestière et de l’Eau du Ministère des Eaux et Forêts (DPFE-MINEF) et EAGLE-Côte d’Ivoire dont ils ont bénéficié l’assistance technique.
C’est en début de l’après-midi du 1er juillet 2023 que les hommes de l’UCT, de la DPFE-MINEF avec l’appui technique de EAGLE – Côte d’Ivoire, une ONG spécialisée dans la lutte contre le trafic des espèces animales sauvages protégées sont arrivées dans la ville de Yamoussoukro où étaient retranchés trois présumés trafiquants d’ivoires d’éléphants. L’assaut a été mené au moment où ces derniers s’apprêtaient à passer à la vente de leur contrebande. Les trois trafiquants ont été interpellés avec en leur possession six pointes d’ivoires d’éléphants dont deux grosses pointes appartenant à un éléphant adulte et quatre appartenant à deux éléphanteaux.
Les six ivoires ont été transportés de Méagui, localité située au sud-ouest de la Côte d’Ivoire pour être vendus illégalement à Yamoussoukro. Selon les éléments de l’enquête, les deux grosses pointes saisies sont le fruit du braconnage d’éléphants au sein du parc national de Taï où il n’en resterait qu’environ 300 pachydermes. Une version des faits soutenue par le colonel Diarrassouba Abdoulaye, directeur de la zone sud-ouest de l’Office ivoirien des parcs et réserves (OIPR) qui précise que les deux grosses pointes d’éléphants pesant 38 kg ont été retirés d’un éléphant adulte mâle bien connu des fichiers de son service. En effet, cet éléphant mâle de près de 4 tonnes bénéficiait d’une attention particulière de la part des gestionnaires du parc national de Tai. « Cet éléphant était l’un des plus gros pachydermes de cette aire protégée. Nous l’apercevions toutes les deux semaines dans le parc ou dans les plantations à la périphérie du parc. Il était inoffensif et forçait l’admiration de tous, notamment les communautés locales. », précise le colonel Diarrassouba pour qui la perte de cet éléphant constitue une grosse perte pour le monde de la conservation et pour la Côte d’Ivoire. Il a poursuivi en appelant les communautés riveraines du parc national de Taï à être plus coopératif vis-à-vis de ces animaux. « C’est nous qui empiétons sur leur territoire. En réalité, ceux qui ont tué ce pachyderme sont illégalement installés dans la forêt classée de Rapides Grah et ils s’adonnent au braconnage dans le parc national de Taï en dépit des campagnes de sensibilisation et des appuis que l’OIPR et ses partenaires leur apportent en terme d’activités génératrices de revenus et d’infrastructures de base, notamment la maternité de Djapadji qui a été construite et équipée par l’OIPR. », a martelé l’officier supérieur de la faune.
Début d’année 2023, cet éléphant avait même reçu la visite d’une équipe d’experts du zoo de la Caroline du Nord (USA) à l’effet de lui placer un bracelet GPS et suivre son déplacement à temps réel. Malheureusement, cette opération a échoué et devrait être reconduite en novembre 2023.
Arrêtés, pour flagrant délit de détention, de circulation et de commercialisation illégale de produits fauniques, les trois prévenus trafiquants d’ivoires ont été placés dans la foulée en garde à vue à l’UCT à Abidjan-Cocody. Après quoi, ils ont été déférés le 05 juillet 2023 à la Section de tribunal de Toumodi. L’affaire a été mise en procédure de flagrant délit et les suspects ont été placés sous mandat de dépôt.
Si les trois contrebandiers sont reconnus coupables, ils risquent une peine de prison allant de 2 à 12 mois assortie d’une amende de 3000 à 300.000 FCFA si l’on se réfère à l’article N°65-255 du 4 août 1965 relatif à la protection de la faune et à l’exercice de la chasse.
Le commerce international de l’ivoire est déclaré illégal depuis 1989, mais les populations d’éléphants d’Afrique continuent de décroître. Chaque année, 20 000 à 30 000 éléphants sont tués pour leurs ivoires, selon le Fonds mondial pour la nature (WWF) ; équivalent entre 50 à 80 individus par jour. L’espèce ne compte plus que 415 000 pachydermes en Afrique, contre 3 à 5 millions au début du siècle dernier. En Côte d’Ivoire, les éléphants, emblèmes du pays, sont en voie d’extinction: leur nombre a baissé de moitié en trente ans. Ce sont plus de 1139 qui ont été dénombrés dans 26 habitats selon les rapports réalisés entre 1987 et 2000. Aujourd’hui le nombre d’individus ne dépasse guère les 300 selon un rapport de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature publié en 2016.
Fulbert Yao avec Eagle Côte d’Ivoire