Le président Henri Konan Bédié a-t-il tiré les leçons du coup d’Etat de 1999 qui a balayé son régime? Pas sûr, si on s’en tient au tribalisme et à la xénophobie qui caractérisent tous ses discours depuis son départ du Rhdp.
Lors du dernier bureau politique de son parti, il a osé insinuer que pour faire le plein du palais des congrès de Montreuil, en France, le Rhdp a eu recours au service de Maliens ramassés à leur sortie de mosquée à Château Rouge. Au-delà de leur caractère belliqueux et insultant, ces propos portent les germes de la haine pour l’étranger.
Sciemment ou inconsciemment, c’est selon, le sphinx de Daoukro met à l’index la communauté malienne qui n’a rien à faire que de s’immiscer dans la politique ivoirienne. La conséquence de tels propos pourrait être des agressions contre les paisibles populations maliennes de Côte d’Ivoire en cas de contentieux électoral.
La sortie de Bédié a l’avantage d’annoncer par anticipation la contestation de la liste électorale qu’il prévoit. Il avait déjà annoncé les couleurs en énonçant que c’est dans des laboratoires installés par le régime à Abobo que sont fabriquées les cartes d’identité ivoiriennes pour les étrangers.
Pourquoi un tel acharnement sur les étrangers ? Pourquoi Bédié cherche-t-il à remettre sur la table l’ivoirité qui l’a portant fait partir du pouvoir par coup d’Etat lors de la fête de Noël en 99? Si par l’extraordinaire, avec ce discours ivoiritaire il gagnait en 2020 les élections, pour un sûr un autre coup d’Etat viendrait mettre de l’ordre, les mêmes causes produisant les mêmes effets.
À y voir de près, le président du Pdci, ne semble pas avoir pris la pleine mesure de la situation. Il vit comme dans une bulle et donne le sentiment d’être coupé des réalités. Il n’a pas compris que le monde a changé et que pour exister il faut changer. Dans un monde où Barack Obama est devenu président des Etats-Unis d’Amérique, c’est devenu rétrograde de faire des origines des citoyens un programme de gouvernement.
Étant entendu que la nationalité ne procure pas des ressources à ses détenteurs, il faut trouver quelqu’un pour faire comprendre à N’zueba que les gens qui quittent leur pays pour s’installer ailleurs n’ont pas un problème de nationalité. Ce qu’ils recherchent c’est un métier, un emploi ou un mieux-être. Certains fuient la guerre, d’autres fuient la misère.
Il y a aussi une grande partie de ceux qui viennent qui veulent juste changer d’environnement. Ils sont jaloux de leur nationalité et ne comptent pour rien au monde, la renier. Bédié et ses tribalistes haineux peuvent donc dormir tranquilles car les étrangers ont des soucis qui vont bien au-delà de la nationalité. Pour les paraphraser, on pourrait dire que « les étrangers ne mangent pas cartes d’identité « .
C’est un droit absolu pour N’zueba de ne pas aimer les étrangers mais il n’a pas le droit de les livrer à la vindicte populaire. Il n’arrive plus à faire un discours sans parler d’eux. Il est train de transmettre par petites doses comme du venin, sa haine de l’étranger à ses partisans. Qu’il sache prendre ses responsabilités et assumer les conséquences de ses dérives langagières. Que demain, il ne vienne pas soutenir qu’il n’a pas demandé de s’en prendre à la communauté malienne.